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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE

Humain, trop humain. Un livre dédié aux esprits libres. »

Les deux opuscules furent réunis sous une forme définitive en 1886 et prirent le titre de « Humain, trop humain. Deuxième partie », lorsque E. W. Fritzsch, à Leipzig, devint l’éditeur des œuvres de Nietzsche. Pour cette nouvelle édition Nietzsche écrivit (en septembre 1886, à Sils-Maria) l’avant-propos qu’on a lu en tête de l’ouvrage.

La présente traduction a été faite sur le troisième volume des Œuvres complètes de Nietzsche publié en 1894 chez C.-G. Naumann, à Leipzig, par les soins du « Nietzsche-Archiv ».

Au moment de la réimpression en 1886 le philosophe avait songé à refondre entièrement les deux volumes d’Humain, trop humain, et à leur donner une forme semblable à celle de Par delà le Bien et le Mal. L’idée fut abandonnée provisoirement, mais il rédigea alors ce fragment de préface qui peut en aider la compréhension.

1.

« Humain, trop humain : ce titre indique la volonté d’une grande séparation, une entreprise individuelle pour se dégager des préjugés anciens qui parlent en faveur de l’homme, pour se dégager et suivre tous les chemins qui mènent assez haut pour permettre de regarder, ne fût-ce qu’un instant, vers en bas, sur l’homme. Non point mépriser ce qu’il y a de méprisable dans l’homme, mais se demander, jusque dans les causes profondes, s’il n’y a pas quelque chose qu’il faudrait mépriser dans tout ce dont l’homme a été fier jusqu’à présent, et dans cette fierté elle-même, dans la confiance innocente et superficielle que l’homme mettait dans ses jugements de valeurs. Cette tâche temporaire et difficultueuse fut un moyen parmi tous les autres moyens à quoi me força une tâche grandiose. Quelqu’un veut-il parcourir avec moi ces chemins ? Je ne conseille à personne de le faire. — Mais vous le voulez ? Mettons-nous en route !