Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/123

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’est l’idée d’épuisement. Mais l’épuisement peut être acquis ; il peut être transmis par hérédité, — dans les deux cas il transforme l’aspect des choses, la valeur des choses…

A l’inverse de celui qui crée par sa plénitude même, — cette plénitude qu’il représente et qu’il sent, et dont involontairement il abandonne une part aux choses, pour les voir plus pleines, plus puissantes, plus riches en avenir ; — à l’inverse de celui qui de toute façon peut donner, — l’épuisé rapetisse et défigure tout ce qu’il voit, — il appauvrit la valeur : il est nuisible…

Il semble qu’à ce sujet nulle méprise ne soit possible : malgré cela l’Histoire présente le fait épouvantable que les épuisés ont toujours été confondus avec ceux qui sont dans leur plus grande plénitude — et ceux-ci avec les plus nuisibles.

Celui qui est pauvre en vitalité, le faible, appauvrit encore la vie : celui qui est riche en vitalité, le fort, l’enrichit. Le premier est le parasite du second : celui-ci donne par surcroît… Comment une confusion serait-elle possible  ?…

Lorsque l’épuisé se présentait avec l’attitude de l’activité et de l’énergie supérieures (lorsque la dégénérescence impliquait un excès dans la décharge intellectuelle ou nerveuse), on le confondait avec le riche… Il éveillait la crainte… le culte du fou est toujours aussi le culte de celui qui est riche en vitalité, du puissant. Le fanatique, le possédé,