Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/131

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ante excitation et surexcitation par les alcools…

83.

Pour la critique des grands mots. — Je suis plein de méfiance et de malice à l’égard de ce que l’on appelle l’" idéal " : c’est là mon pessimisme d’avoir reconnu combien les " sentiments sublimes " sont une source de malheur, c’est-à-dire d’amoindrissement et d’abaissement pour l’homme.

On se trompe chaque fois lorsque d’un idéal on attend un " progrès " : le triomphe d’un idéal fut, chaque fois, jusqu’à présent un mouvement rétrograde.

Christianisme, révolution, suppression de l’esclavage, droits égaux, philanthropie, amour de la paix, justice, vérité : tous ces grands mots n’ont de valeur que dans la lutte, pour servir de drapeau ; non point comme réalités, mais comme mots de parade pour désigner toute autre chose (et même pour désigner le contraire  !).

84.

Si nous sommes des " désabusés ", nous ne le sommes pas en ce qui concerne la vie : mais seulement parce que nos yeux se sont ouverts sur toutes sortes de " désirs ". Nous contemplons avec une colère sarcastique ce que l’on appelle " idéal " ; nous nous méprisons seulement parce que nous ne pouvons pas réprimer à toute heure cette impul