Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/157

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et salaire) ; dépendance d’une tutelle sacerdotale, d’une exactitude de formulaire qui a la prétention d’exprimer une volonté divine ; l’implantation d’une " conscience " qui met une fausse science en place de l’examen et de l’essai : comme si ce qu’on doit faire et ne pas faire avait été déterminé d’avance, — une espèce de castration de l’esprit qui cherche et aspire au progrès ; — en résumé : la plus grave mutilation de l’homme que l’on puisse imaginer, et l’on prétend en avoir fait " l’homme bon ". Pratiquement toute la raison, tout l’héritage de sagesse, de subtilité, de prévoyance, conditions du canon sacerdotal, sont réduits après coup, arbitrairement, à un simple travail mécanique : la conformité avec les lois passe déjà pour être le but, le but suprême, la vie ne possède plus de problème ; — toute la conception du monde est souillée par l’idée de punition ; — l’idée même de l’existence est transformée ; en vue de représenter la vie sacerdotale comme le non plus ultra de la perfection, on en fait une calomnie et un avilissement de l’existence ; la notion de " Dieu " représente une aversion de la vie, la critique, le mépris même de la vie ; — la vérité est transformée mentalement en mensonge sacerdotal, l’aspiration à la vérité devient l’étude de l’écriture sainte, un moyen pour se faire théologien…