Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/162

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artie de ce que voulait, à ses débuts, le mouvement chrétien. Ce qui est chrétien, dans le sens de l’Église, c’est ce qui précisément est anti-chrétien de prime-abord : des objets et des personnes au lieu de symboles ; de l’histoire au lieu de faits éternels ; des formules, des rites, des dogmes au lieu d’une pratique de la vie. L’indifférence absolue à l’égard des dogmes, du culte, des prêtres, de l’Église, de la théologie, voilà ce qui est chrétien. La pratique du christianisme n’est pas une chose chimérique, tout aussi peu que la pratique du bouddhisme : c’est un moyen pour être heureux…

103.

Jésus oppose une vie véritable, une vie selon la vérité, à la vie ordinaire : rien n’est plus loin de lui que la lourde sottise d’un " saint Pierre éternel ", d’une éternelle durée personnelle. Ce qu’il combat, c’est l’embarras que l’on fait avec la " personne " : comment se pourrait-il qu’il voulût précisément rendre celle-ci éternelle ? Il combat de même la hiérarchie dans la communauté : il ne promet pas une rétribution proportionnée au travail ; comment se pourrait-il qu’il eût pu parler de punition et de récompense dans l’au-d