Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/186

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à une nouvelle théologie - à une caste régnante et aussi à une Église. L’atteinte portée à l’importance exagérée que l’on prêtait à la " personne " a abouti à une croyance à la " personnalité éternelle " (au souci du " salut éternel "… ), donc à une exagération paradoxale de l’égoïsme personnel. Ceci est l’humour de la chose, un humour tragique : saint Paul a établi, en lui prêtant des proportions énormes, ce que le Christ avait justement annulé par sa vie. Enfin, lorsque l’édifice de l’Église fut terminé, elle sanctionna même l’existence de l’État.

130.

Le " christianisme " est devenu quelque chose de foncièrement différent de ce que fit et voulut son fondateur. Il est le grand mouvement antipaïen de l’Antiquité, déterminé en utilisant la vie, la doctrine et les " paroles " du fondateur du christianisme. Mais par une interprétation absolument arbitraire, selon le schéma de besoins foncièrement différents, on l’a traduit dans le langage de toutes les religions souterraines déjà existantes. C’est la montée du pessimisme ( - tandis que Jésus voulait apporter la paix et le bonheur des agneaux) ; et ce pessimisme est le pessimisme des faibles, des vaincus, des opprimés, de ceux qui souff