Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/202

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n que la catholique, est maintenue avant comme après.

149.

On ne se rend pas assez compte de la barbarie des idées où nous autres Européens, nous vivons encore aujourd’hui. Est-il permis de croire encore de nos jours que le " salut de l’âme " dépend d’un livre !… Et l’on me dit que l’on croit cela encore aujourd’hui. A quoi sert toute éducation scientifique, toute critique des textes, toute herméneutique si une telle absurdité, comme l’explication de la Bible que maintient l’Église, n’a pas encore fait monter à tous les visages la rougeur de la honte ?

150.

C’est chez l’homme le comble de l’esprit mensonger, en matières psychologiques, que d’imaginer un être comme commencement, comme " en soi ", conformément à ce qui, selon sa petite mesure, lui paraît fortuitement bon, sage, puissant, précieux - et de supprimer ainsi toute la causalité, grâce à quoi existe seulement une bonté quelconque, une sagesse quelconque, puis puissance quelconque, grâce à quoi celles-ci ont seulement de la valeur. En un mot, de considérer des éléments de l’origine la plus tardive et la plus conditionnelle comme existant spontanément " en soi ", des éléments qui, loin de s’être formés lentement, seraient peut-être