Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/214

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pour que tout aille bien - tout cela n’a de sens que si l’on admet une conduite des choses sub specie boni. Le fatalisme lui-même, notre forme actuelle de la sensibilité philosophique, n’est qu’une conséquence de cette longue foi en la volonté de Dieu, une conséquence inconsciente : comme si cela ne dépendait pas de nous que tout aille bien ( - comme si c’était notre droit de laisser aller les choses comme elles vont : l’individu n’étant qu’un mode de la réalité absolue - ).

158.

Formes plus cachées du culte de l’idéal moral chrétien. — L’idée molle et lâche de " nature ", inventée par les enthousiastes de la nature ( - à l’écart de tous les instincts en faveur de ce qu’il a de terrible, d’implacable, de cynique même dans les " aspects " les plus " beaux "), n’est qu’une sorte de tentative de déchiffrer, dans la nature, cette "humanité" christiano-morale ; — et la conception de Rousseau, comme si la " nature ", la liberté, la bonté, l’innocence, l’équité, la justice étaient identiques - c’est encore au fond le culte de la morale chrétienne. — Prendre des extraits dans les œuvres des poètes, pour se rendre compte de leurs admirations, par exemple pour les hautes montagnes, etc. — Ce que celles-ci étaient pour Goethe, — pourquoi il vénérait Spinoza -. Complète ignorance des raisons de ce c