Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/226

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ns, Messieurs. Croyez-vous donc que nous nous soucions de votre vertu ! Pourquoi irions-nous donc à l’écart, nous autres, pourquoi deviendrions-nous philosophe, rhinocéros, ours des cavernes, fantôme ? N’est-ce pas pour être débarrassé de la vertu et du bonheur ? Nous sommes, de par notre nature, beaucoup trop heureux, beaucoup trop vertueux, pour ne pas voir qu’il y a une petite séduction dans le fait de devenir philosophe ; c’est-à-dire immoraliste et aventurier… Nous avons pour le labyrinthe une curiosité particulière, nous tâchons, pour cela, de faire connaissance de monsieur le Minotaure dont on raconte des choses si dangereuses. Que nous importe votre chemin qui monte, votre corde qui aide à sortir ! qui aide à parvenir au bonheur et à la vertu ! à parvenir jusqu’à vous, je le crains bien… Vous voulez nous sauver au moyen de votre corde ! Et nous, nous vous supplions instamment de vous pendre avec !…

b.

A quoi sert tout cela en fin de compte ! Il n’y a pas d’autre moyen pour remettre la philosophie en honneur : il faut d’abord pendre les moralistes. Tant que ceux-ci parlent de bonheur et de vertu, ils amènent tout au plus les vieilles femmes et la philosophie. Regardez-les donc en face tous ces sages célèbres, tels qu’ils existent depuis des milliers d’années, ce sont tous des vieilles femmes,