Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/287

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ssent toutes les institutions humaines, dès que l’on fixe une sphère supérieure, divine et supra-terrestre, qui doit d’abord sanctionner ces institutions. En s’habituant à ne voir la valeur que dans cette sanction (par exemple pour le cas du mariage) on a mis à l’écart la dignité naturelle de l’institution, on a même complètement nié celle-ci dans certains cas. La nature est jugée défavorablement dans la mesure où l’on a mis en honneur la contre-nature d’un Dieu. " Nature " devint équivalent de " méprisable ", de " mauvais ". La fatalité d’une croyance en la réalité des qualités morales supérieures sous le nom de Dieu : par là toutes les valeurs véritables étaient niées et considérées par principe comme des non-valeurs. C’est ainsi que l’anti-naturel monta sur le trône. Avec une logique implacable on aboutissait à exiger, d’une façon absolue, la négation de la nature.

217.

Castratisme moral

La Loi formule foncièrement réaliste de certaines conditions dans la conservation d’une communauté, la loi interdit certains actes, exécutés dans une direction définie, surtout lorsque ces actes se dirigent contre la communauté : elle ne défend pas le sentiment qui inspire cet acte, — car elle a besoin de ces mêmes actes, exécutés dans un sens diffé