Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/302

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’il finit, comme cela est logique, par tenir la nature pour mauvaise, l’homme pour corrompu, la bonté pour un état de grâce (c’est-à-dire pour humainement impossible). En résumé : il nie la vie, il conçoit comment le bien, en tant que valeur supérieure, condamne la vie… De la sorte son idéologie du bien et du mal devrait être réfutée pour lui. Mais on ne réfute pas une maladie… Et c’est ainsi qu’il conçoit une autre vie !…

224.

Critique de l’homme bon. — L’honnêteté, la dignité, le sentiment du devoir, la justice, l’humanité, la loyauté, la droiture, la bonne conscience, — par ces mots bien sonnants affirme-t-on et approuve-t-on vraiment des qualités à cause d’elles-mêmes ? Ou bien des qualités et des conditions, indifférentes par leur valeur, sont-elles seulement considérées à un point de vue qui leur donne de la valeur ? La valeur de ces qualités résidait-elle en elles-mêmes, ou dans l’utilité et l’avantage qui en résulte (qui semble en résulter ou que l’on en attend) ? Il va de soi que je n’entends pas ici une opposition entre l’ego et l’alter dans le jugement : il s’agit de savoir si ce sont les conséquences de ces qualités qui doivent avoir de la valeur, soit pour leur représentant, soit pour l’entourage de celui-ci, la société, l’" humanité ", ou si elles ont cette v