Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/325

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Les philosophes antiques combattent tout ce qui grise, tout ce qui entrave la froideur et la neutralité de la conscience… En s’appuyant sur leur fausse hypothèse ils étaient conséquents : ils considéraient la conscience comme l’état élevé, l’état supérieur, la condition de la perfection, — tandis qu’en réalité c’est le contraire qui est vrai… Pour autant qu’une chose est voulue, qu’une chose est sue il n’y a pas de perfection dans l’action, dans quelque ordre que soit celle-ci. Les philosophes anciens étaient les plus grands bousilleurs dans la pratique, parce que théoriquement ils s’étaient condamnés au bousillage… En pratique, tout revenait à du cabotinage, — et celui qui s’apercevait de la trame, Pyrrhon par exemple, jugeait comme tout le monde, c’est-à-dire que, pour ce qui est de la bonté et de l’équité, les " petites gens " sont bien supérieures aux philosophes. Toutes les natures profondes de l’antiquité ont regardé avec dégoût les philosophes de la vertu : on voyait en eux des querelleurs et des cabotins. (Jugement porté sur Platon par Epicure, par Pyrrhon.) Résultat : Dans la pratique de la vie, dans la patience, la bonté et l’aide mutuelle les petites gens leur sont supérieurs ( - c’est à peu près le jugement que revendiquent Dostoïevski et Tolstoï pour leurs moujiks), ils sont animés d’une plus grande philosophie dans la pratique de la vie, ils ont une