Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/329

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l’indifférence ; mépriser les vertus qui nécessitent des attitudes : se placer à un niveau uniforme, même dans la vertu : dernière victoire sur soi-même, dernière indifférence. Pyrrhon est semblable à Epicure, ils représentent, l’un et l’autre, deux formes de la décadence grecque. Ils sont parents par leur haine de la dialectique et de toutes les vertus des comédiens - les deux choses réunies s’appelaient alors philosophie ; — avec intention, ils estiment peu tout ce qu’aimaient les philosophes ; ils choisissent pour le désigner les noms les plus vulgaires et les plus méprisés ; représenter un état où l’on n’est ni malade, ni bien portant, ni mort, ni vivant… Epicure est plus naïf, plus idyllique, plus reconnaissant ; Pyrrhon plus expérimenté, plus blasé, plus nihiliste… Sa vie fut une protestation contre la grande doctrine de l’identité (Bonheur, vertu, connaissance). On n’accélère pas la vie véritable par la science : la sagesse ne rend pas " sage "… La vie véritable ne veut pas le bonheur, elle se désintéresse du bonheur…

241.

La lutte contre la " foi ancienne ", telle que l’entreprit Epicure, était, au sens rigoureux, la lutte contre le christianisme préexistant, — la lutte contre le monde ancien déjà obscurci, entac