Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/348

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ation des valeurs morales tous les instincts anti-scientifiques se liguaient pour exclure la science…

259.

Pourquoi les philosophes sont des calomniateurs. — L’inimitié perfide et aveugle des philosophes à l’égard des sens, — combien il y a de la populace et du brave homme dans toute cette haine ! Le peuple considère toujours un abus dont il a ressenti les conséquences néfastes, comme un argument contre ce dont il a été abusé : tous les mouvements insurrectionnels contre les principes, que ce soit sur le domaine de la politique ou sur celui de l’économie, argumentent toujours de façon à présenter un abus comme nécessaire et inhérent au principe. C’est là une histoire lamentable : l’homme cherche un principe sur lequel il puisse s’appuyer pour mépriser l’homme, — il invente un monde pour pouvoir calomnier et salir ce monde : de fait, il étend toujours sa main vers le néant, et de ce néant il fait " Dieu ", la " vérité ", et, en tous les cas, un juge et un condamnateur de cet être… Si l’on veut avoir une preuve de la façon profonde et foncière dont les besoins véritablement barbares de l’homme cherchent à se satisfaire, même dans son état domestiqué et sa "civilisation", il faut chercher les leitmotivs de toute l’évol