Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/52

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contre le premier nihilisme : dans notre Europe, la vie n’est plus incertaine, hasardeuse, insensée à un tel point. L’élévation de la valeur de l’homme, de la valeur du mal, etc., à une puissance si énorme, n’est plus nécessaire maintenant, nous supportons une réduction importante de cette valeur, nous admettons la part du non-sens, du hasard : la puissance atteinte par l’homme permet maintenant un abaissement des moyens de discipline dont l’interprétation morale fut le coté fort. " Dieu " est une hypothèse beaucoup trop extrême.

Cependant les positions extrêmes ne sont pas relevées par des positions plus modérées, mais par d’autres également extrêmes, seulement ce sont des positions à rebours. C’est ainsi que la croyance en l’immoralité absolue de la nature, le manque de but et de sens devient la passion psychologiquement nécessaire, lorsque la foi en Dieu et un ordre essentiellement moral n’est plus soutenable. Le nihilisme apparaît maintenant, non point parce que le déplaisir de l’existence est devenu plus grand qu’autrefois, mais parce que, d’une façon générale, on est devenu méfiant à l’égard de la " signification " qu’il peut y avoir dans le mal, ou même dans l’existence. Une seule interprétation a été ruinée : mais comme elle passait pour la seule