Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/79

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ître les formes : tandis que le XVIIIe siècle cherche à oublier ce que l’on sait de la nature de l’homme, pour l’adapter à son utopie. "Superficiel, doux, humain" — il s’enthousiasme pour " l’homme ". -

Le XVIIe siècle cherche à effacer les traces de l’individu pour que l’œuvre ressemble autant que possible à la vie. Le XVIIIe siècle cherche par l’œuvre à s’intéresser à l’auteur. Le XVIIe siècle cherche de l’art dans l’art, un morceau de civilisation ; le XVIIIe se sert de l’art pour faire de la propagande d’ordre politique, en faveur des réformes sociales.

L’" utopie ", l’" homme idéal ", la divinisation de la nature, la vanité de la mise en scène de sa propre personne, la subordination sous la propagande sociale, le charlatanisme, — c’est ce que nous a donné le XVIIIe siècle. Le style du XVIIe est propre, exact et libre.

L’individu fort qui se suffit à lui-même ou qui s’efforce avec ardeur devant Dieu — et cette importunité moderne, cette indiscrétion d’écrivain — ce sont là des oppositions. " Se produire en public " — quel contraste avec les savants de Port-Royal  ! Alfieri avait un sens pour le grand style.

La haine du burlesque, du manque de dignité, le défaut du sens de la nature appartiennent au XVIIe siècle.