Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/81

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sont pour l’un celles d’un progrès de l’humanité et pour l’autre celles de l’aggravation de l’injustice et de l’inégalité.

Voltaire, comprenant encore l’umanità au sens de la Renaissance, de même la virtù (en tant que " culture supérieure "), combattit pour la cause des " honnêtes gens " et de " la bonne compagnie ", pour la cause du goût, de la science, des arts, pour la cause même du progrès et de la civilisation.

La lutte s’enflamma vers 1760 ; d’une part le citoyen de Genève, d’autre part le seigneur de Ferney. Ce n’est qu’à partir de ce moment que Voltaire devint l’homme de son siècle, le philosophe, le représentant de la tolérance et de l’incrédulité (jusque-là il n’avait été qu’un bel esprit). L’envie et la haine du succès de Rousseau le poussèrent en avant, vers les " hauteurs ". Pour la "canaille" un dieu rémunérateur et vengeur — Voltaire.

Critique des deux points de vue par rapport à la valeur de la civilisation. L’invention sociale est pour Voltaire ce qu’il y a de plus beau : il n’y a pas de but plus élevé que son entretien et son perfectionnement ; c’est là précisément l’honnêteté que d’observer les usages sociaux ; la vertu c’est l’obéissance envers certains " préjugés " nécessaires, au bénéfice de la conservation de la " société ". Voltaire fut missionnaire de la culture, aristocrate représentant des castes victorieuses et dominantes