Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 2.djvu/146

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356.

Pour la formation du beau et du laid. - Ce qui, au point de vue esthétique, nous déplaît instinctivement peut être considéré comme nuisible et dangereux pour l'homme, comme digne de méfiance, et cela d'une façon notoire, à la suite d'une longue expérience; l'instinct esthétique qui parle brusquement (par exemple dans le dégoût) contient un jugement. Dans ce sens le beau se trouve parmi les catégories générales des valeurs biologiques de l'utile, du bienfaisant, de ce qui augmente la vie: mais seulement par le fait qu'un grand nombre d'irritations qui ne font penser que de loin à des choses et à des conditions agréables et qui s'y rattachent, nous procurent le sentiment du beau, c'est-à-dire l'augmentation du sentiment de puissance ( - ce ne sont donc pas seulement des choses, mais aussi les sensations qui accompagnent ces choses, ou leurs symboles).

De la sorte le caractère du beau et du laid apparaît comme conditionné; et cela par rapport à nos valeurs inférieures de conservation. Partir de là pour déterminer le beau et le laid n'aurait pas de sens. Le beau existe tout aussi peu que le bien et le vrai. Dans les détails il s'agit encore des conditions de conservation d'une certaine espèce d'homme: l'homme de troupeau éprouvera de la sorte le sentiment de valeur du beau en face d'autres