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Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 2.djvu/274

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en voulant supprimer les autres. Les " souhaits " des médiocres, c'est précisément ce que nous combattons, nous autres: l'idéal considéré comme quelque chose à quoi l'on enlève son côté nuisible, méchant, dangereux, problématique, destructeur. Nous possédons la conviction contraire: chaque fois que l'homme grandit, le revers de ses qualités doit grandir également, de sorte que l'homme le plus élevé, en admettant qu'une pareille conception soit permise, serait l'homme qui représenterait le plus fortement le caractère d'opposition de l'existence, étant la gloire de celle-ci et sa seule justification... Les hommes ordinaires n'ont le droit de représenter qu'une toute petite partie de ce caractère de la nature: ils périssent aussitôt que la multiplicité des éléments grandit et que la tension des oppositions devient trop violente, ce qui, pour la grandeur de l'homme, est d'ailleurs la condition première. L'homme doit devenir meilleur et plus méchant, c'est là ma formule pour cette chose inévitable.

Presque tout le monde représente l'homme comme composé de fragments et de détails; ce n'est que lorsque l'on additionne ces différentes pièces que l'on obtient un homme. Des époques tout entières, des peuples tout entiers ont, en ce sens, quelque chose de fragmentaire; c'est peut-être une des particularités de l'économie, dans l'évolution humaine, que l'homme se développe par morceaux.