Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 2.djvu/307

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L'instinct de conservation de l'homme bon, qui sacrifie, à lui-même, l'avenir de l'humanité: au fond la politique lui répugne déjà, - toute perspective plus large, - toute recherche, toute aventure, toute inquiétude. Il nie les buts, les tâches où il n'est pas le premier à entrer en ligne de compte. Il est impertinent et immodeste dans son type " supérieur " et veut non seulement se mêler de tout, mais encore juger. Il se sent supérieur à ceux qui ont des " faiblesses "; ces " faiblesses " sont des forces de l'instinct, il faut donc aussi posséder le courage de ne pas en avoir honte.

Le bon en tant que parasite. Il vit aux dépens de la vie, car il nie la réalité par un mensonge, il est l'adversaire des grands instincts de la vie, épicurien d'un petit bonheur il considère comme immorale la grande forme du bonheur.

Ne mettant pas lui-même la main à la pâte, il a cependant sans cesse à son actif des méprises et des duperies, et trouble ainsi toute vie véritable, l'empoisonnant par sa prétention de représenter quelque chose de supérieur. Avec son illusion d'être sublime il n'apprend pas, il ne se transforme pas, mais il prend parti pour lui-même, eût-il même engendré le plus grand malheur.

5.

A. Il invente des actions qui n'existent pas: les actions non égoïstes, les actions saintes; des facultés qui n'existent pas: l'" Âme ", l'" esprit ", le " libre arbitre ");