Page:Nietzsche - Le Cas Wagner (trad. Halévy et Dreyfus).djvu/56

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sion de se débarrasser des restes du souper. Il y a encore les « airs » de Wagner — — Et maintenant je ne dis plus un mot.

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Même dans l’esquisse de l’action, Wagner est surtout un cabotin. Ce qui lui apparaît tout d’abord, c’est une scène d’un effet absolument certain, une Actio véritable[1] avec un haut-relief de mimique, une scène renversante : — cette scène, il l’approfondit, il en déduit les caractères. Tout le reste en dérive, conformément à une économie technique qui n’a aucune raison d’être subtile. Ce n’est pas le

  1. Remarque. Ç’a été un vrai malheur pour l’esthétique que l’on ait toujours traduit le mot Drame par le mot « action ». Wagner n’est pas le seul à se tromper ici ; tout le monde est encore dans l’erreur, jusqu’aux philologues, qui devraient mieux savoir. Le drame antique avait en vue de grandes scènes pathétiques, — il excluait précisément l’action (la reléguait avant le commencement ou derrière la scène). Le mot Drame est d’origine dorienne : et dans le langage usuel des doriens il signifie « évènement », « histoire », les deux mots au sens hiératique. Le drame le plus ancien représentait la légende locale, « l’histoire sacrée » sur laquelle reposait l’institution du Culte (— ainsi pas d’action, mais un évènement : δράν en dorien ne signifie aucunement « agir » ).