nant interprètent tout le bonheur comme une
récompense, tout le malheur comme une punition de la
désobéissance envers Dieu, comme un « péché »,
devient cette manière, la plus mensongère de toutes,
d’interpréter une prétendue « loi morale »,
renversant, une fois pour toutes, la conception naturelle
de « cause » et d’« effet ». Lorsque, au moyen de la
récompense et de la punition, on a chassé du monde
la causalité naturelle, on a besoin d’une causalité
contre nature, et maintenant succède tout le reste
de ce qui est contraire à la nature. Un Dieu qui
demande, — au lieu d’un Dieu qui conseille, qui est,
en somme, l’expression de toute inspiration heureuse
du courage et de la confiance en soi… La morale, non
plus l’expression des conditions de vie et de
développement d’un peuple, non plus son instinct vital le
plus simple, mais une chose abstraite, contraire à la
vie, — la morale, perversion systématique de
l’imagination, le « mauvais œil » pour toutes choses.
Qu’est-ce que la morale juive, qu’est-ce que la morale
chrétienne ? Le hasard qui a perdu son innocence ; le
malheur souillé par l’idée du « péché » ; le bien-être
un danger, un « tentation » ; le malaise physiologique
empoisonné par le ver rongeur de la conscience…
La notion de Dieu faussée ; la notion de la morale faussée : — la prêtraille juive n’en resta pas là. On ne pouvait pas se servir de toute l’histoire d’Israël : on s’en débarrassa. Les prêtres réalisèrent cette merveille de falsification dont une grande partie de la