Il ne résiste pas, il ne défend pas son droit, il ne
fait pas un pas pour éloigner de lui la chose extrême,
plus encore, il la provoque… Et il prie, souffre et
aime avec ceux qui lui font du mal… Ne point se
défendre, ne point se mettre en colère, ne point rendre
responsable… Mais aussi ne point résister au mal,
— aimer le mal…
— Nous, les tout premiers, nous autres esprits libérés, nous possédons les conditions nécessaires à comprendre quelque chose que dix-neuf siècles ont mal interprété, — cette véracité devenue instinct et passion, qui fait la guerre au « saint mensonge » plus encore qu’à tout autre mensonge… On était indiciblement loin de notre neutralité bienveillante et circonspecte, de cette discipline de l’esprit qui permit seule de deviner des choses si éloignées et si subtiles : avec un égoïsme effronté on voulut, de tous temps, n’y trouver que son propre avantage, de la contradiction avec l’Évangile on a édifié l’Église…
Quiconque chercherait encore des indices, pour découvrir la divinité ironique qui, derrière le grand théâtre du monde, agite ses doigts, ne trouverait pas un petit argument dans ce gigantesque point d’interrogation qui s’appelle le christianisme. L’humanité se met à genoux devant le contraire de ce qui était l’origine, le sens, le droit de l’Évangile ; elle a sanctifié dans l’idée d’« Église » ce que le « joyeux messager » considérait précisément comme au-dessous de lui, comme derrière lui. — On cherche en vain une plus grande forme de l’ironie historique. — —