Page:Nietzsche - Le Crépuscule des Idoles - Le Cas Wagner - Nietzsche contre Wagner - L'Antéchrist (1908, Mercure de France).djvu/322

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
322
L’ANTÉCHRIST


Dieu sur la croix, — ne comprend-on toujours pas la terrible arrière-pensée qu’il y a derrière ce symbole ? — Tout ce qui souffre, tout ce qui est suspendu à la croix est divin… Nous tous, nous sommes suspendus à la croix, donc nous sommes divins… Nous seuls, nous sommes divins… Le christianisme fut une victoire, une opinion distinguée périt par lui, — le christianisme fut jusqu’à présent le plus grand malheur de l’humanité. — —

52.

Le christianisme se trouve aussi en contradiction avec toute droiture intellectuelle, — la raison malade lui est seule raison chrétienne, il prend parti pour tout ce qui manque d’intelligence, il prononce l’anathème contre l’esprit, contre la superbia de l’esprit bien portant. Puisque la maladie fait partie de l’essence du christianisme, il faut aussi que l’état-type chrétien, « la foi », soit une forme morbide, il faut que tous les chemins droits, loyaux, scientifiques qui mènent à la connaissance soient rejetés par l’Église, comme chemins défendus. Le doute déjà est un péché… Le manque complet de propreté psychologique chez le prêtre — qui se révèle dans le regard — est une suite de la décadence, — qu’on observe les femmes hystériques d’une part, et les enfants rachitiques d’autre part, et l’on verra régulièrement que la fausseté par instinct, le plaisir de mentir pour mentir, l’incapacité de regarder et de marcher droit sont des symptomes de décadence. La « foi », c’est vouloir ignorer ce qui est vrai. Le piétiste, le