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NOS VERTUS

la mesure où ses droits et ses prétentions ont augmenté ; et l’émancipation de la femme, à quoi aspirent les femmes elle-mêmes (et non seulement de superficiels cerveaux masculins), apparaît comme un remarquable symptôme de l’affaiblissement et de l’énervement croissants des instincts vraiment féminins. Il y a de la bêtise dans ce mouvement, une bêtise presque masculine, dont une femme saine — qui est toujours une femme sensée aurait eu honte au fond du cœur. Perdre le flair des moyens qui conduisent le plus sûrement à la victoire ; négliger l’exercice de son arme véritable ; se laisser aller devant l’homme, peut-être « jusqu’au livre », là où jadis on gardait la discipline et une humilité fine et rusée ; ébranler, avec une audace vertueuse, la foi de l’homme en un idéal foncièrement différent caché dans la femme, en un éternel féminin quelconque et nécessaire ; enlever à l’homme, avec insistance et abondance, l’idée que la femme doit être nourrie, soignée, protégée et ménagée comme un animal domestique, tendre, étrangement sauvage et souvent agréable ; rassembler maladroitement et avec indignation tout ce qui rappelait l’esclavage et le servage, dans la situation qu’occupait et qu’occupe encore la femme dans l’ordre social (comme si l’esclavage était un argument contre la haute culture et non pas un argument en sa faveur, une condition de toute élévation de la culture) ; de quoi tout cela nous est-il la