Page:Noël - Fin de vie (notes et souvenirs).djvu/160

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Je t’ai vu, Brin d’herbe, dans cette apothéose du feu !

Tu fus flamme, lumière, chaleur, électricité ; peut-être tu fus âme !

En son enfance naïve, l’humanité voyant la matière si peu solide, si muable, si périssable, prenant en ce phénomène la vie pour la mort, imagina en dehors de la matière un être supérieur à tout, invisible, intangible, impérissable ; elle imagina l’âme, l’esprit.

Mais Matière-âme, Matière-vie et force, Matière qui emplit de sa substance infinie l’espace infini, qui nous stupéfie de son éternité, de son ubiquité, de son activité incessante, Matière possède en son essence inexplicable tout ce que vous prêtiez à l’esprit, à l’âme, à Dieu. Car si le mot Dieu vous plaît, il ne vous est pas interdit de le conserver en l’appliquant à l’infime Matière-Âme dont Brin d’herbe fut une manifestation.


XXXV


En vacances à Vascœuil : Élisée Reclus, un peu vieilli, fatigué peut-être, mais toujours jeune de regard, d’accent.