Page:Noël - Fin de vie (notes et souvenirs).djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Serais-je repris de la maladie des citations ? J’en fus autrefois gravement atteint ; et non sans remords, je me rappelle ceci :

Mon père, Dumesnil et moi, revenions de Saint-Wandrille ; ce devait être en 1840 ; nous avions passé la journée précédente chez M. Pouyer, filateur à Rançon… Ne m’avisais-je pas de dire, dans un moment de sotte vantardise, que je réciterais des vers sans interruption, ni redites, depuis Caudebec jusqu’à Rouen ? Nous allions en cabriolet, au petit pas de notre paisible cheval, et j’eus la cruauté de tenir ma promesse ; sans pitié de mon père, ni du pauvre Dumesnil, qui eut, avec tant de raison, préféré la libre causerie au milieu de ce beau pays, par un temps superbe, en plein mois de mai.

Quel cuistre j’étais alors ! Ah ! on met du temps à se débarbouiller du collège !

Mais sommes-nous débarbouillés même au moment de finir ?

On nous baptise à notre entrée dans la vie ; n’y aurait-il pas à nous laver quand nous en sortons ?

Mais… nous n’en sortons pas.


FIN