Page:Noël - Fin de vie (notes et souvenirs).djvu/19

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autre chose que servante soumise aux ordres de la féodalité industrielle et financière ?

À cette servante faite pour être reine et qui n’a pas su l’être, on a demandé, on a commandé tissus, habits, souliers, chapeaux ; on a dit à cette science docile : donne-nous l’ouvrier-machine, et l’ouvrier-machine fut créé. Mais voilà que, maintenant, l’ouvrier-homme meurt de faim par toute la terre.

À son tour, que demande à la science l’ouvrier mourant de faim ?

Il lui demande les matières inflammables, explosibles, capables en un moment de tout renverser, incendier, détruire…

Ah ! quand lui confiera-t-on à cette science son vrai rôle d’élargir et d’élever les âmes, de nous ramener à la lumière morale, à la justice, à la bonté, à la loi de solidarité qui unit tous les êtres, qui les fait ne vivre que l’un de l’autre et l’un par l’autre. On a cru beaucoup trop de nos jours à la loi d’antagonisme et de concurrence vitale. La vraie loi universelle, c’est l’association mystérieuse, intime, ineffable, indestructible et délicieuse de tout ce qui vit (et tout vit à des degrés divers). Un être qui périrait en ferait périr des milliers à côté de lui. Vous figurez-vous le monde végétal se mettant en tête que le monde animal ne vit qu’à ses dépens, et