Page:Noël - Fin de vie (notes et souvenirs).djvu/24

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cien monde, que peut-il être, même aujourd’hui, comparé ce qu’il doit devenir ?

La grande poésie est en avant, comme la grande justice, si étrangère, si inconnue à nos tribunaux actuels !

Borras, le nouvel innocent, ces jours-ci condamné par vous, met en évidence ce que vous savez faire, ô juges ! dont pas un seul, peut-être, n’a jamais soupçonné qu’il n’y a pas de justice sans bonté, et qu’au fond de la conscience il existe entre tous les hommes, entre l’innocent et le coupable, entre l’accusé et le juge, un lien de fraternité qui jamais ne doit ni ne peut être rompu.

Éboulements, craquements d’un monde qui s’en va, et partout de pauvres diables (hommes d’État) qui, nuit et jour, rafistolent !…

« Fils de l’Homme, monte sur les hauteurs et annonce ce que tu vois », s’écriait Lamennais, il y a cinquante ans.

Mais le fils de l’Homme sur les hauteurs, — sœur Anne sur sa tour, — ne voit rien que « le soleil qui poudroie et la verdure qui verdoie ».

Eh ! que pourrait-il venir d’un monde où l’on en est encore aux cloches, au tambour, où des dames portent sans honte aux oreilles percées l’anneau de