Page:Noël - Fin de vie (notes et souvenirs).djvu/67

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Pour la première fois, j’allais me trouver sans jardin. C’était un chagrin et une inquiétude. La santé n’en souffrirait-elle pas ? N’avoir plus à cultiver, à voir croître, à vivre un peu en plein air, c’était une privation.

Le souvenir me revenait de jardins que jusque-là j’avais toujours eus à ma disposition. Petit jardin de la rue Saint-Hilaire, où se passèrent les années si heureuses de mon enfance et que j’ai décrit dans la Vie des fleurs ; c’est là que je plantais des arêtes d’alose. Vint ensuite, route de Darnétal, le parterre dont je brouettai la terre dans la vaste cour de notre habitation, et que j’ai décrit dans un article du Magasin pittoresque : « Le jardin de Monsieur Bar. »

Quelques années plus tard, mon père loua près de notre domicile, précisément à l’endroit où passe aujourd’hui le chemin de fer, derrière l’église Saint-Hilaire, alors modeste et rustique, un jardin que je refis à ma fantaisie, dont je traçais les allées, à la grande satisfaction d’une dame qui se réjouissait à me voir, de chez elle, tirer mes plans, bêcher, semer, repiquer ; et puis, ce fut le Tot, où j’eus à transformer une prairie en parterre d’agrément et en potager. Cette prairie, entourée de ruisseaux courants et limpides, terminée au fond par un étang où jaillissait, au milieu de grands peupliers, une partie