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NOCTURNE


« Votre doux, votre long et consentant silence,
Je l’ai tant désiré !
Maintenant que tu dors, je sais ce que tu penses
Cœur qui fut trop serré.

« Ah ! comme tu voulais toujours, petite amante,
Parler et blasphémer ;
Tu pensais que l’orgueil exige que l’on mente
Dans les instants d’aimer.

« Comme tu me plais mieux avec ton noir visage
Et ton cœur arrêté,
J’enlace enfin, cher être indéfiniment sage,
Ce que tu as été.

« Le dévouement d’amour, si plaisant et si tendre
Tant que ton corps fut clair,
Je te l’offre ce soir, où tu ne peux prétendre
A nul amour de chair.

Mais, ah quelle rumeur trouble encor notre somme,
Et rend mon cœur jaloux ?
J’entends, dans l’ombre affreuse et glissante où nous somme
Les dieux parler de vous… »