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LIDIVINE.



En 1800, j’étois dans les prisons d’une ville de province, et je n’y étois pas pour la première fois. La cause de ces petits malheurs de jeune homme me dispense d’en rougir.

Je ne parlerai pas du geôlier et de sa femme, honnêtes et charitables personnes qui m’ont laissé cependant un bien tendre souvenir ; mais je ne saurois me dispenser de remarquer en passant que ce triste ministère du geôlier est un des plus honorables qu’il y ait au monde, quand il est exercé avec douceur et humanité.

Madame Henriey étoit infirme et presque toujours malade ; mais elle avoit pour la représenter, dans l’intérieur, une vieille femme de charge qui s’appeloit Lidivine,

Nom peu connu, même parmi les saints,

et que les pauvres prisonniers nommoient la divine, parce qu’ils croyoient que ce nom hyperbolique étoit son nom véritable. Il n’y a rien, en effet, qui puisse nous donner une idée plus distincte de la Divinité que la charité chrétienne.

Lidivine avoit soixante-dix-huit ans, ce qui ne l’em-