Page:Nodier - Contes de la veillée, 1868.djvu/330

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BAPTISTE MONTAUBAN.



— Je ne sortirai certainement pas de ces montagnes, dis-je à l’hôtesse en arrivant avec elle sur le pas de la porte, sans avoir vu ce bon M. Dubourg dont vous me parlez. C’étoit un des plus tendres amis de mon père. Il n’est que sept heures du matin ; trois lieues sont bientôt faites quand le temps est beau à souhait, et je peux disposer d’un jour sans préjudice pour mes affaires. Il me sauroit mauvais gré de n’avoir pas dîné avec lui en passant, n’est-il pas vrai ?

— Il ne vous le pardonneroit pas, répondit-elle, puisqu’il n’y a pas de semaine qu’il n’envoie prendre des informations de votre arrivée.

— Je ne me pardonnerois pas davantage d’avoir manqué une occasion de vérifier ce que valent mes prophéties. J’ai prédit il y a cinq ans que sa fille Rosalie, qui n’en avoit que douze, deviendroit une des piquantes beautés de la province, et je suis curieux de savoir si la petite brunette aux yeux bleus m’a fait mentir.

— Tenez-vous assuré du contraire, s’écria madame Gauthier. On iroit à Besançon, et peut-être à Strasbourg (c’étoit pour madame Gauthier l’équivalent des antipo-