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LA MÉCANIQUE EINSTEINIENNE.

de la mécanique nouvelle, et non de l’ancienne, et qu’en particulier les masses en mouvement y varient comme le veut celle-là.

L’expérience, « source unique de toute vérité », a prononcé.

Nous voilà bien loin des idées naguère courantes. Lavoisier nous a enseigné que la matière ne peut se créer ni se détruire, qu’elle se conserve. Ce qu’il a voulu dire par là, c’est que la masse est invariable, et il l’a vérifié avec la balance. Et voici maintenant que les corps n’ont peut-être plus de masse, — si elle est entièrement d’origine électro-magnétique, — et voici en tout cas que cette masse n’est plus invariable. Cela ne veut pas dire que la loi de Lavoisier n’ait plus de sens. Il subsiste quelque chose qui se confond avec la masse aux petites vitesses. Mais enfin notre conception de la matière est violemment bouleversée. Ce que nous appelions matière, c’était avant tout la masse, qui était en elle ce qui nous semblait de plus tangible à la fois et de plus durable. Et maintenant cette masse n’existe pas plus que le temps et l’espace où nous croyions pouvoir la situer ! Ces réalités n’étaient que des fantômes…

Qu’on me pardonne ce que cet exposé a d’un peu ardu. Mais la nouvelle mécanique nous ouvre des horizons si étrangement nouveaux qu’elle vaut mieux qu’un regard dédaigneux et rapide. Pour contempler un vaste paysage dans un monde inexploré, il ne faut pas hésiter, même au prix d’un essoufflement passager, à grimper parfois une côte un peu rude.