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EINSTEIN ET L’UNIVERS.

réactions que le milieu ambiant exerce sur elle, nous fait croire fallacieusement à l’existence de ce quelque chose de substantiel et de massif que les générations ont accoutumé d’appeler matière.

Mais de tout cela il ressort aussi par des calculs et des raisonnements simples et élégants d’Einstein, — et dont je ne puis ici que laisser deviner la marche, — que la masse et l’énergie sont la même chose, ou du moins sont les deux faces d’une même médaille. Donc, plus de masse matérielle, rien que de l’énergie dans l’univers sensible. Étrange aboutissement, presque spiritualiste en un sens, de la physique moderne !

D’après tout cela, la plus grande partie de la « masse » des corps serait due à une énergie interne considérable et cachée. C’est cette énergie que nous voyons se dissiper peu à peu dans les corps radioactifs, seuls réservoirs d’énergie atomique ouverts jusqu’ici sur l’extérieur.

Si tout cela est vrai, si énergie et masse sont synonymes, si la masse n’est que de l’énergie, réciproquement l’énergie libre doit posséder des propriétés massives. Effectivement, la lumière par exemple a une masse. Des expériences précises ont en effet montré qu’un rayon de lumière, frappant un objet matériel, exerce sur lui une pression qui a été mesurée. La lumière a une masse, donc elle a un poids comme toutes les masses. Nous verrons d’ailleurs, à propos de la nouvelle forme donnée par Einstein au problème de la gravitation, une autre preuve directe, — et combien belle ! — que la lumière est pesante.