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EINSTEIN ET L’UNIVERS.

Vraiment des lumières nouvelles rayonnent maintenant sur ceux qui, lentement, s’efforcent à la rude escalade du savoir, et, ayant sagement renoncé à chercher les « pourquoi », veulent du moins scruter quelques « comment ».

Peu avant sa mort et prévoyant avec son intuition géniale l’avènement de la nouvelle mécanique, Poincaré conseillait aux professeurs de ne pas l’enseigner aux enfants avant qu’ils fussent pénétrés jusqu’aux moelles de la mécanique classique.

« C’est, ajoutait-il, avec la mécanique ordinaire qu’ils doivent vivre ; c’est la seule qu’ils auront jamais à appliquer ; quels que soient les progrès de l’automobile, nos voitures n’atteindront jamais les vitesses où elle n’est plus vraie. L’autre n’est qu’un luxe et l’on ne doit penser au luxe que quand il ne risque plus de nuire au nécessaire. »

Pour un peu, j’en appellerais de ce texte de Poincaré à Poincaré lui-même. Car pour lui, ce luxe, la vérité, était la seule chose nécessaire. Ce jour-là, assurément il songeait aux enfants. Mais les hommes cessent-ils jamais d’être des enfants ? À cela le maître trop tôt disparu eût répondu peut-être, de sa voix grave adoucie d’un sourire : « Oui ; du moins il est plus commode de le supposer. »