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EINSTEIN ET L’UNIVERS.

déserts et glacés de la Voie Lactée où n’existe aucune matière, et si éloigné de toutes les étoiles qu’il n’y a plus là pesanteur ni attraction, et que notre obus abandonné y restera immobile. Dans ces conjonctures, cela est clair, il n’y aura ni haut, ni bas, ni pesanteur pour les passagers de l’obus. Ils se trouveront débarrassés et allégés de toutes les contingences du poids. Ils pourront indifféremment se mettre debout sur la paroi interne du sommet de l’obus ou sur son culot, comme ce fut durant qu’ils tombaient vers la Lune.

Imaginons maintenant que l’Enchanteur Merlin survienne subrepticement puis, ayant attaché une corde à l’anneau extérieur qui surmonte le projectile, se mette à le tirer d’un mouvement uniformément accéléré. Que se passe-t-il alors pour les passagers ? Ils remarquent soudain qu’ils ont retrouvé leur poids et qu’ils sont rivés au plancher de l’obus, à peu près comme, avant leur voyage, ils étaient fixés au sol de notre planète terraquée. Si même le mouvement de l’Enchanteur Merlin s’accélère de 981 centimètres par seconde, ils éprouveront exactement les mêmes sensations pesantes que sur la Terre.

Ils remarqueront que si, à un moment donné, ils lâchent en l’air une assiette, elle tombera sur le plancher et s’y brisera. « C’est, penseront-ils, parce que nous sommes de nouveau soumis à la pesanteur ; cette assiette tombe en vertu de son poids, de sa masse pesante. » Mais l’Enchanteur Merlin dira lui : « Cette assiette tombe parce qu’elle a gardé, en vertu de son inertie,