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EINSTEIN ET L’UNIVERS.

nière étape à franchir par Einstein pour pouvoir établir les équations de la gravitation et de la relativité généralisée.

Ici c’est le génie pénétrant d’Henri Poincaré qui a réellement tracé la voie. Il est d’autant plus nécessaire d’y insister que justice n’a pas été rendue sur ce point à l’illustre savant français.

Si tous les corps de l’Univers venaient à se dilater simultanément et dans la même proportion, nous n’aurions aucun moyen de le savoir. Nos instruments et nous-mêmes étant dilatés pareillement, nous ne nous apercevrions pas de ce formidable événement historique et cosmique, qui ne nous arracherait pas même un instant à nos petites contingences ridicules.

Il y a plus : non seulement les mondes seront indiscernables s’il se modifient de sorte que soit changée l’échelle des longueurs et des temps ; mais ils seront encore indiscernables si, à chaque point de l’un, correspond un point et un seul de l’autre et si, à chaque objet, à chaque événement du premier monde, en correspond un de même nature placé précisément au point correspondant du second. Or, les déformations successives et quelconques que l’on fait subir à la masse gélatineuse où nous avons incorporé plus haut et métaphoriquement l’Univers tout entier, nous fournissent précisément des