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EINSTEIN OU NEWTON ?

L’admirable synthèse einsteinienne en sera-t-elle abattue ? S’ébranlera-t-elle jusqu’à crouler sous les controverses, les doutes, les incertitudes dont nous venons de donner un bref aperçu ? Je ne le crois pas.

Quand Christophe Colomb a découvert l’Amérique, on eut beau jeu de lui dire que ses prémisses étaient fausses et que s’il n’avait cru partir pour les Indes, il n’eût jamais atteint un continent nouveau. Il aurait pu répondre à la manière de Galilée : « Et pourtant je l’ai découvert. »

Celle qui donne de beaux résultats est toujours une bonne méthode.

Dès qu’il s’agit de plonger au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau, dès qu’il s’agit de savoir plus et mieux, la fin justifie les moyens.

En montrant du doigt l’optique, la mécanique, la gravitation liées solidement en une neuve gerbe, la déviation de la lumière par la gravité qu’il a annoncée contre toute attente, les anomalies de Mercure qu’il a le premier expliquées, la loi de Newton qu’il a embellie et précisée, Einstein aurait le droit de s’écrier avec quelque orgueil : « Voilà ce que j’ai fait. »

Les voies par lesquelles il a obtenu tous ces résultats admirables ne sont pas exemptes, dit-on, de détours assez fâcheux et de fondrières. C’est donc que plusieurs chemins, et même imparfaits, peuvent mener à Rome et à la vérité. L’essentiel est d’y parvenir. Et ici la vérité, ce sont des faits anciens rapprochés par une harmonie supérieure, ce sont des faits nouveaux annoncés en