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EINSTEIN ET L’UNIVERS.

domaine, qu’il en est arrivé à affirmer que la rotation même de la Terre autour du Soleil n’est qu’une hypothèse plus commode que l’hypothèse inverse, mais non point plus vraie, car elle impliquerait sans cela l’existence d’un espace absolu.

Certains polémistes peu avertis ont même, — on s’en souvient, — voulu tirer argument de cette démonstration poincariste pour justifier la condamnation de Galilée. Rien de plus amusant que les efforts faits alors par l’illustre mathématicien-philosophe pour se défendre de ce grief, et, ma foi, il faut bien reconnaître que la défense ne fut pas parfaitement convaincante. C’est qu’on ne fait pas à l’agnosticisme sa part.

Poincaré est donc à la tête de ceux pour qui l’espace n’est rien qu’une propriété que nous donnons aux objets. Pour lui, la notion que nous en avons n’est, si j’ose dire, que la résultante héréditaire des tâtonnements sensuels par quoi nous essayons péniblement d’embrasser le monde extérieur à un moment donné.

Après l’Espace, le Temps. À cet égard aussi les objections du relativisme philosophique étaient depuis longtemps dans l’air. Mais c’est Poincaré qui leur a donné leur forme définitive. Nous ne le suivrons pas dans ses lumineuses démonstrations qui sont bien connues.

Retenons-en seulement que, pour le temps comme pour l’espace, on peut supposer un rétrécissement ou un allongement de l’échelle, auquel nous serions tout à fait insensibles et qui semble montrer l’impossibilité, pour les hommes, de concevoir un temps absolu.