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EINSTEIN ET L’UNIVERS.

L’objet des grands synthétistes de la science a toujours été et est encore de ramener, comme l’avait tenté Descartes, tous les phénomènes aux phénomènes mécaniques. Que ces tentatives soient ou non fondées, qu’elles puissent un jour aboutir ou qu’elles soient, au contraire, a priori vouées à l’échec parce que les phénomènes physico-biologiques contiennent peut-être des éléments essentiellement irréductibles aux éléments mécaniques, c’est une question qui a été et qui sera encore très disputée. Mais quelles que soient à cet égard les attitudes variées des penseurs, ils sont d’accord sur ceci : dans tous les phénomènes naturels, dans tous les phénomènes objets de science, il y a l’élément mécanique, — pour les uns élément exclusif, pour les autres élément principal, mais seulement partiel, des réalités objectives.

Si je rappelle ici tout cela, c’est pour en arriver à cette conclusion : tout ce qui modifie la mécanique, modifie du même coup l’édifice des notions fondées sur elle, c’est-à-dire les autres sciences, toute la science, et notre conception de l’Univers.

Or nous allons voir que la théorie d’Einstein, par une conséquence immédiate de ce qu’elle nous a enseigné déjà du temps et de l’espace, bouleverse de fond en comble la mécanique classique. C’est pour cela, et par cela surtout, qu’elle a porté dans l’édifice un peu somnolent de la science traditionnelle un ébranlement dont les vibrations ne sont pas près de cesser.

En abordant la mécanique einsteinienne, nous aurons