Page:Normand - À tire-d’aile, 1878.djvu/113

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Et la main appuyée à l’angle de la pierre,
J’ai cru la soulever dans un effort puissant :
Mais son immense poids la retenait en terre
Et je me relevai les mains pleines de sang.

Dix fois, à corps perdu, la pensée haletante,
J’ai tâché d’ébranler ce marbre humide et noir…
Dix fois je suis tombé, demi-fou d’épouvante,

Ivre de désespoir.


Alors des profondeurs de la tombe obstinée,
Une voix s’éleva qui me dit doucement :
« Enfant, pourquoi vouloir contre la destinée
Par amour du passé lutter obstinément ?

« Va, crois-m’en ! je suis mort ! tu le sens bien toi-même !
Tu fais pour me sauver de généreux efforts :
Nul ne pourrait rouvrir après l’instant suprême,

Cette tombe où je dors.