Page:Normand - À tire-d’aile, 1878.djvu/193

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Mais au rayon béni des tendresses humaines,
Naît confiant et pur, et meurt comme il est né !

CHRYSAS.

Mais quand fondit sur toi cette grande souffrance ?
Est-ce depuis longtemps ? N’est-ce que d’aujourd’hui ?
Est-ce un malheur tardif, fruit de l’expérience ?
Est-ce un germe fatal que l’amour porte en lui ?

GALLUS.

Un soir, — c’était au temps où la riche Pomone
Aux arbres alourdis suspend ses fruits pourprés, —
Les vierges, à la main tenant une couronne,
Dansaient joyeusement dans les bois consacrés.
L’air était embaumé ; la brise harmonieuse
Soupirait doucement dans les rameaux tremblants ;
Phœbé luisait au ciel : légère et gracieuse,
Lœtoris effleurait le sol de ses pieds blancs.
Appuyé contre un hêtre aux ombrages immenses,
Je regardais, heureux, sous le voile de lin,
Son corps souple ondoyer suivant le gré des danses,