Page:Normand - À tire-d’aile, 1878.djvu/86

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Quand, au retour d’avril, la feuille prisonnière
Perce les bourgeons bruns, et vient, verte lumière,

Poindre au bout des rameaux tremblants ;

Quand l’oiseau jette aux vents sa chanson inédite,
Quand le sang est plus chaud, quand le cœur bat plus vite,

Quand les pas deviennent plus lents ;


Dôme bleu ponctué de noires hirondelles
Quand le ciel s’illumine, et que les fleurs nouvelles

Resplendissent dans les prés verts,

Soudain, au même instant, aux champs comme à la ville,
Par centaines, milliers et centaines de mille,

De tous côtés naissent les vers.


On en commet des longs, des petits, des énormes,
Bon nombre de boiteux, quantité de difformes,

Des fastidieux à foison ;

Et, bravant prosodie et bon sens — double crime ! —
Quelques-uns sans raison, quelques autres sans rime,

Beaucoup sans rime ni raison.