Page:Normand - La Muse qui trotte, 1894.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


L’heure n’anime plus les pendules muettes ;
Les housses, ondulant comme des linceuls blancs,
Recouvrent les divans aux coussins nonchalants,
Les lourds fauteuils dorés et les chaises fluettes.

Le piano, touché par tant de doigts mignons,
Repose dans un coin près d’une mandoline,
Et, tout emmitouflé de raide mousseline,
Le lustre, au lieu de bras, tend d’informes moignons.

De grands draps épinglés soigneusement voilée,
La vitrine coquette — où les Saxes ténus
Restent figés dans leurs sourires ingénus, —
Se dresse avec un air vague de mausolée.

Au lieu du chaud tapis d’Orient où coulait
Le fourmillement doux des légères chaussures,
S’allonge un parquet sec, craquelé de gerçures,
Où la poussière glisse et monte en bourrelet.