Page:Normand - La Muse qui trotte, 1894.djvu/230

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Elle ne t’entend pas, me criais-tu très fort,
Elle ne parle pas !…

JEAN

Elle ne parle pas !…Ô Jeanne, j’avais tort !
Enfant, j’étais sceptique et je doutais sans cesse ;
Vieux, je ne doute plus ; — et bénis la vieillesse
Qui, comme un vent léger de l’arrière-saison,
De ce nuage obscur lave mon horizon.
Le bonheur des humains n’est qu’un tissu de songes.
L’homme doit, jeune ou vieux, croire à ces doux mensonges
Qui font la vie aimable et les chagrins moins lourds.
Ô beaux princes charmants en habits de velours,
Ô princesses, d’azur et d’étoiles coiffées,
Ô peuple exquis et pur de nos contes de fées,
Je crois à vous ! Je crois qu’on peut dormir cent ans,
Que sur les lacs d’argent, par les nuits de printemps,
Dansent les farfadets aux fines ailes bleues ;
Je crois aux talismans, aux bottes de sept lieues,