Page:Normand - La Muse qui trotte, 1894.djvu/82

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Le repas fini, bouteilles vidées,
Ils demeurent là, tout l’après-midi ;
Les hommes fumant d’un air engourdi ;
Les femmes causant, veules, débridées.

Le petit dernier dans son berceau blanc,
Sommeille, à l’abri des rayons barbares ;
Les garçons bruyants s’essoufflent aux barres ;
Les fillettes font sauter le volant…

Et sur tous ces gens — floraison humaine
Dont chaque gazon semble pailleté —
Comme un brouhaha, flotte la gaîté
Des cris contenus toute la semaine.



Parfois, vers le soir, dans le ciel brouillé
Des nuages gris frangés d’écarlate
Montent lentement : un orage éclate…
Voilà le terrain d’un coup balayé.