Page:Normand - La Muse qui trotte, 1894.djvu/87

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C’est, pendant un moment, un savant incendie,
Un assaut furieux de lumière hardie…
Puis tout s’éteint : plus rien — le deuil — l’obscurité.

Tel qu’un barreau d’argent qu’un géant écartèle
Seul, le double rayon de la Tour en dentelle
— Dentelle en rude fer, épinglée au marteau —
Se meut en trépidant à travers le ciel sombre,
Tourne, hésite, s’unit, s’arrête… et tranche l’ombre
Avec la netteté vibrante d’un couteau.

Et tandis que, futile et joyeuse, la foule
Se répand vers les quais et lentement s’écoule,
Peuple de grands enfants gris de poudre et de bruit,
Droit sur ce flot humain qui s’agite et qui passe
Le phare de Paris veille et fouille l’espace,
Comme un œil inquiet palpitant dans la nuit.