Page:Normand - Les Moineaux francs.djvu/56

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Les tableaux, recouvrant quelques places tachées,
Gardent, comme jadis, leurs allures penchées,
Et la vieille pendule, un vrai bijou, donné
Par le grand-oncle « un tel », amateur forcené
Qui jamais ne trouva d’occasions meilleures,
Avec la même voix chante les mêmes heures.

Doucement le temps passe, et l’on entend sonner
La cloche régulière annonçant le dîner,
La bonne et grosse cloche en sursaut réveillée,
Qui grince aux premiers tours sur sa tige rouillée,
Mais qui bientôt s’anime et sait, chaque saison,
Régler les appétits de toute la maison.
Le repas est bruyant d’abord ; puis les pensées
Vont, remontant le cours des époques passées :
On songe aux chers absents qui gaîment se sont mis
À cette même table, à présent endormis
Dans l’éternelle mort qui brise… ou qui délie.
La nuit vient, on se tait ; une mélancolie
Vous prend, et d’un œil vague on suit avec émoi