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LE PAVILLON

Toulon.



À l’arrière d’un grand transport en quarantaine
Qui, dans le soir tombant, semble presque endormi,
Un point ténu, que l’œil ne perçoit qu’à demi…
Un hochet, animé par la brise incertaine…

Une chose à la fois puérile et hautaine…
Un jouet enfantin, gros comme une fourmi…
Un peu de bleu, de blanc et de rouge, parmi
Les splendeurs du couchant où fuit la mer lointaine.

Un rien, pour qui l’on va vers l’Orient, là-bas,
Aux terribles pays d’où l’on ne revient pas,
Un rien pour qui l’on meurt, un rien pour qui l’on prie,

Un rien qui semble tout aux fils d’un même sang…
Un rien que l’on salue avec l’âme, en passant…
Une toile… une loque… un chiffon… La Patrie !